BAUZÁ, Mario
(La Havane 1911-New York 1993)
Dans le quartier noir de Cayo Hueso, propice à la musique, Mario BAUZÁ commence des études musicales et devient très vite un joueur de hautbois et de clarinette courtisé par les directeurs d'orchestres. |
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En 1925, Mario BAUZÁ rencontre Estella et naît ainsi l'amitié entre
le frère de Estella, Frank "Machito"
GRILLO et Mario. Cuarteto Machín, "Lamento Cubano". M. Bauzá, trompette. >>> ... On retrouve très vite Mario BAUZÁ chez Cass Carr puis avec l'ensemble de Noble Sissle -peut-être avec Sidney Bechet- et dans ceux de Don Redman, Sam Wooding, Chick Webb. Il enregistre avec celui-ci en 1934. Mario écrit, et parmi les compositions de cette époque il faut citer "Congo", "The Congo conga".
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La décision de BAUZÁ de s'installer
à New York, de passer du saxophone à la trompette et celle d'épouser Estella en 1936 vont bouleverser la vie de "Machito" et ... la musique
cubaine. En 1939, Mario BAUZÁ décide avec"Machito", installé désormais à New York, de créer leur propre groupe. Mario avait cette idée en tête depuis le milieu de la décennie précédente mais les conditions à La Havane n'étaient pas favorables. La formation de l'ensemble est finalement repoussée et BAUZÁ entre dans le groupe de Cab Calloway. A la trompette Mario a progressé à une vitesse stupéfiante. Il devient l'arrangeur de Cab. Les compétences de BAUZÁ lui permettent de suggérer à Calloway de faire entrer le bongosero "Mulatón" RODRÍGUEZ dans l'orchestre puis un jeune trompettiste, John Birks "Dizzy" Gillespie. Les enregistrements de l'ensemble de Cab Calloway des années 39-40 portent indéniablement la marque latine de BAUZÁ. "Chile con conga" , "Vuelva", pour ne prendre que les titres aux noms latinos, gravés le 17 octobre 1939 ou "Yo eta cansa", "Goin'conga" en août 1940. |
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milieu de l'année 40, alors que MACHITO a créé le
groupe "MACHITO y sus AFROCUBANS", BAUZÁ, après plus d'une cinquantaine d'enregistrements, abandonne
l'orchestre de Cab Calloway et rejoint "Machito". Mario BAUZÁ apporte rapidement quelques modifications dans la composition du groupe. L'appel à des jazzmen est un premier indice montrant sur quelle voie s'engage BAUZÁ dès cette époque. |
Influencé par les recherches de "Dizzy" Gillespie et des créateurs du BeBop, Mario fait connaître pendant l'année 1943 sa première uvre, "Tanga", dans lesquelles les racines du jazz et celles de la musique cubaine, si proches l'une de l'autre, s'unissent dans une composition élaborée, tout à fait nouvelle et originale. "Tanga" constitue la première uvre d'un Jazz Afro-cubain qui n'aspire alors qu'à se développer et en tout premier lieu chez les "AFROCUBANS" qui ont recruté la demi-soeur de MACHITO, la chanteuse Graciela PÉREZ, qui avait fait les beaux jours de l'orchestres "ANACAONA". Mario rappelle fréquemment une évidence, le Jazz américain et les rumbas cubaines ont les mêmes racines africaines. "Tanga" va devenir le morceau fétiche des "AFROCUBANS". |
L'histoire
de Mario est désormais inséparable de celle de "MACHITO
y sus AFROCUBANS". Les changements qu'il va apporter à l'ensemble,
les arrangements qu'il réalise, conduisent celui-ci à une inexorable
évolution vers un style de jazz spécifique que certains vont baptiser CubBop et qui peut être simplement appelé Jazz Afro-cubain. |
Machito et ses Afrocubans. Mangual Sr., Bauzá, Nieto, Vidal . |
L'état du CuBop à la fin de l'année 1948 ou au début de 1949 est clairement audible dans les enregistrements réalisés au Royal Roost, "Howard's blues", "Cubop City" Toutes les fioritures issues de la musique cubaine ont été écartées pour ne conserver et mettre en avant que la puissance rythmique des congas, bongó et pailas qui se coulent sans difficulté dans des compositions jazz. |
Avec les "AFROCUBANS" et "Machito", BAUZÁ participe comme premier rôle à
toutes les aventures du Jazz Afro-cubain. Il enregistre avec eux et avec Charlie
Parker en 1948, puis en 1950 avec "Dizzy" pour "Afrocuban Jazz Suite" composée par "Chico"
O'FARRILL. L'année suivante il est au Birland de nouveau avec Parker. En 1957 Mario avec la collaboration du pianiste des "AFROCUBANS" René HERNÁNDEZ écrit plusieurs pièces destinées à être enregistrées par une pléiade de jazzmen, Adderley, Doc Cheatham, Livramento sous le titre de "Kenya". BAUZÁ est encore avec les "AFROCUBANS " pour l'enregistrement de la seconde suite de O'FARRILL. |
En
1974 ce même O'FARRILL crée une nouvelle pièce qu'enregistrent
BAUZÁ, MACHITO, les "AFROCUBANS "
et Gillespie: "Oro, incienso y mirra". © Patrick Dalmace Photographie. Jazz Hot |